Le bar est un poisson euryhalin, c’est-à-dire qu’il supporte d’importantes variations du taux de salinité de l’eau. Il peut même survivre dans une eau totalement douce, il remonte ainsi parfois certains estuaires jusqu’à se trouver en compagnie des poissons d’eau douce. Des récits fréquents nous parviennent de pêcheurs de carnassiers qui, au cours d’une pêche au sandre ou au brochet dans un cours d’eau côtier ont capturé un gros bar. Ces témoignages prouvent que celui-ci se plait à remonter assez haut dans les estuaires.
Tout ça pour dire à ceux qui doutaient de la fréquentation du bar dans les eaux saumâtres qu’ils feraient bien de reconsidérer leur point de vue. Les secteurs estuariens offrent un potentiel nutritionnel considérable aux bars, on y retrouve en effet en quantité des espèces caractéristiques des eaux saumâtres. On peut ainsi penser par exemple aux crabes verts, aux crevettes, aux lançons, aux anguillons ou encore aux mulets qui colonisent très souvent ces secteurs. S’il parait évident que les rias, abers et autres estuaires sont des postes très intéressants pour le bar, dans les faits nous constatons qu’il n’y est pas toujours présent et que, même quand il fréquente ces secteurs, il est souvent difficile de tromper sa méfiance.
Des variations de fréquentation saisonnière.
Le plus simple est ici de commencer par l’hiver. Vous devez savoir que l’hiver coïncide avec la période de reproduction du bar. Certains géniteurs délaissent alors les secteurs estuariens pour gagner les frayères. Laissez-les alors se reproduire afin d’assurer la pérennité de notre loisir dans les années à venir. De toute manière on ne retrouve pas de frayères en zone estuarienne et ceci pour plusieurs raisons. Les températures de l’eau y sont trop fluctuantes à cause des apports d’eau douce provenant du bassin versant ; de la même façon les courants ainsi que les taux de salinité mais aussi la profondeur y sont trop irréguliers pour permettre le développement des œufs. Cependant si les adultes en âge de se reproduire quittent alors ces secteurs ce n’est pas le cas des juvéniles, les estuaires jouent en effet un rôle primordial dans la vie du jeune bar. En fait ce sont en particulier des poissons de l’année qui colonisent véritablement ces secteurs pendant la saison froide, moment qu’ils mettent à profit pour se gaver de crevettes et de crabes. Les biologistes parlent parfois de « nurseries » pour décrire ces espaces.
Selon les années et la taille des estuaires, les bars adultes (de retour de leurs ébats hivernaux) vont recommencer à fréquenter les estuaires entre les mois de mars et de juin . Vous pourrez alors y réaliser de belles pêches surtout en employant des leurres de petite ou de moyenne taille (qui correspondent à la taille du poisson fourrage en cette saison). Les leurres souples montrent alors tout leur intérêt, en plus de la variété de formes, tailles et couleurs ils présentent la faculté de pouvoir être présentés de différentes manières selon les postes. Vous emploierez alors par exemple un montage de type texan (anti-herbe) pour pêcher efficacement les bordures envahies par les goémons. Les bars se trouvent en effet très souvent le long du bord. Vous préférerez par contre un L.S. monté sur une grosse tête plombée pour pêcher profond dans le chenal quand le courant sera fort. Enfin vous pourrez mettre à profit un montage du leurre en direct ou en carolina rig pendant les étales de marées ou encore sur des postes où le courent est peu présent.
Ensuite arrive l’été avec ses touristes, ses bateaux, ses bruits, ses gamins qui jettent des pierres à l’eau…. étrangement le bar fait la grève de la faim sur des postes pourtant excellents d’habitude. Vous allez donc devoir adopter une stratégie différente. Deux solutions s’envisagent dans ces conditions particulières. La première est de gagner des bras morts dépourvus de toute cette agitation néfaste. La meilleure façon de découvrir de tels postes est de consulter des cartes de randonnée et de s’éloigner au maximum des routes, évidement il faudra marcher mais ça a aussi son charme.Une deuxième solution est de fuir le soleil, commencez à pêcher une demi-heure avant le coucher du soleil ou finissez une demi-heure après son lever. Dans ces conditions vous pourrez continuer à fréquenter vos postes favoris. Préférez alors les pêches fines en surface, les poissons sont alors souvent méfiants et rarement énormes, une petite canne, un petit leurre de surface sur une eau plate et vous vous ferez vraiment plaisir.
Encore un peu de patience le temps des poissons record approche . Fin août les touristes repartent, laissez une ou deux semaines aux bars pour se réhabituer à cette quiétude habituelle et c’est parti, la saison de pêche estuarienne commence vraiment enfin. Sortez les gros leurres de surface, les leurres souples énormes, les bons vieux crankbaits et faites vous plaisir ; les gros bars sont là pour manger. Plus la saison va se faire froide et plus nos amis vont penser à faire de la graisse, l’automne devrait normalement se finir en apogée avec la première lune de décembre qui déclenche généralement la reproduction des lançons. Ces derniers colonisent alors les estuaires à dominante sableuse ou sablo-vaseuse, leur ponte va dégager des effluves très attractifs. Les bars présents à proximité vont alors souvent tout simplement remonter cette piste olfactive pour se gaver une dernière fois avant de rejoindre les frayères. Alors on les laissera à nouveau tranquilles pendant quelques mois avant de repartir pour un an.
Tenir compte des phénomènes de marées.
Les principes que je vous ai énoncé précédemment sont très généraux et, même s’ils sont acceptés et reconnus par une majeure partie des pêcheurs en estuaire, il serait regrettable de s’en contenter. Les estuaires sont des milieux particulièrement complexes dans leur fonctionnement, aussi bien mécanique (phénomènes de marées en particulier) que biologique (adaptation de la faune et de la flore à ces fonctionnements mécaniques).
Quand les conditions sont difficiles, la connaissance et la compréhension du milieu permettra bien souvent au pêcheur de s’en sortir. Bien souvent quand vous aurez localisé un poste qui marche bien la marée se chargera très vite de vous contredire. Les étales de basse mer sont des moments particulièrement intéressants pour prospecter discrètement certaines zones, difficiles à pêcher autrement. Je pense en particulier aux secteurs les plus profonds du chenal, souvent des postes à gros bars.
Prospectez de préférence ces zones à l’étale de marée basse, cela vous permettra d’y lancer des leurres assez légers qu’il faudra laisser descendre jusqu’au fond avant de commencer une récupération lente afin de coller le plus longtemps possible au fond.
A marée haute vous aurez en général intérêt à axer votre prospection sur les bordures, les bars fréquentent alors bien souvent ces zones à la recherche de crabes ou de crevettes dans les goémons. L’absence de courant de l’étale vous permettra (si vous êtes un lanceur précis) de pêcher efficacement entre les algues. Vous trouverez souvent des « allées » larges de quelques dizaines de centimètres et longues de seulement quelques mètres. Ne pas y lancer vos leurres serait vraiment une erreur.
Si les moments où le courant est absent sont souvent très bons, il ne faut pas pour autant négliger la montante et la descendante . Je ne peux pas vous dire ici laquelle de ces deux périodes est la meilleure, cela dépend vraiment des estuaires. J’en connais par exemple où la montante est clairement plus intéressante que la descendante, parfois les résultats semblent équilibrés, enfin ailleurs ce sera la descendante qui verra les pêcheurs réaliser de belles captures. Souvent au sein des mêmes estuaires certains secteurs marcheront bien avec le flux, d’autres avec le reflux. Parfois cela varie tout simplement d’une rive à l’autre. A force d’aller pêcher sur un secteur vous dégagerez probablement des tendances quant à la fréquentation des bars selon le moment de la marée.
Il faut avoir en tête quelque chose qui se vérifie partout, c’est qu’un bar à l’arrêt (souvent à l’affût ou au repos) est toujours positionné la tête dans le courant. Vous savez donc maintenant comment et dans quel sens se tient votre adversaire. Un peu de sens de l’eau et l’application de cette règle vous permettra de vous en tirer avec les honneurs. Si vous avez repéré un poste, que vous avez déterminé le sens du courant vous pouvez donc deviner comment le bar y est positionné. C’est ici que cela devient intéressant, poussez un peu plus loin votre imagination et vous aurez une idée de la façon dont le bar va voir arriver votre leurre. A vous maintenant de soigner au mieux l’approche de votre leurre…
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